Les hommes ont parfois du mal à obtenir ou maintenir une érection. La Fatigue, le stress, l’alcool ou la maladie peuvent être à l’origine de ces troubles passagers ou permanents. Les éclairages de Dr Abderrazak Moussaid, Médecin Sexologue.

Il est très difficile dans notre contexte de parler de sexualité et encore moins de problèmes de sexualité », explique Dr Abderrazak Moussaid, Médecin Sexologue Psychosomaticien et président de l’Association Marocaine de Sexologie. Le sentiment de honte et l’altération de la virilité après la survenue d’une panne sexuelle ne doit pas être un obstacle à la consultation d’un spécialiste. Malheureusement, souligne le Docteur, les hommes hésitent à consulter quand ça va mal, mais surtout quand le traitement est parfois long et/ou que la prise en charge nécessite plusieurs séances, ils abandonnent le plus souvent leurs traitements et c’est une erreur. Le rôle du Médecin consistera alors à saisir cette occasion pour éliminer une cause organique qui peut être préjudiciable pour l’état de santé du patient.

A noter, que selon les statistiques dans les pays scandinaves, 65% des hommes qui ont un problème de sexualité ne consultent pas, en France et en Italie, ce sont 75% des hommes qui ne consultent pas. Dans notre contexte, le nombre est plus élevé.

PANNES PSYCHOGENES ET PANNES ORGANIQUES

Quand la panne sexuelle survient le jour de la nuit de noce et pose le problème de la consommation du mariage, bien souvent, c’est la première fois que l’époux a des rapports sexuels. « Pour sa nuit de noces, le jeune homme est appelé à avoir une bonne érection, à déflorer son épouse et à ne pas éjaculer…» C’en est beaucoup et c’est normal que la panne est inévitable, explique Dr A. Moussaid. Aussi, quand cet incident survient, on n’hésite pas, le plus souvent à qualifier cela de « TQAF ». L’explication réside dans la méconnaissance de l’homme de l’appareil génital féminin. L’époux qui n’a reçu aucune éducation sexuelle, croit que l’hymen est une membrane dure qu’il faut pénétrer, alors qu’en fait, souligne le sexologue, « c’est une frange facile à dilater, qui se déchire un peu, pour laisser écouler un peu de sang ».

Cependant, il y’a des situations anxiogènes et/ou des événements dans la vie qui font que les hommes sont plus exposés à des pannes sexuelles. Dans d’autres cas, la panne sexuelle peut survenir à la suite d’une perte de son emploi, de fatigue chronique ou passagère, d’un événement déstabilisant, d’une dépression, etc. « IL faut savoir différencier les dysfonctions érectiles transitoires qui sont gênantes et source d’une souffrance psychologique et les dysfonctions érectiles sévères qui sont le plus souvent d’ordre organique ».

Jeunes et moins jeunes dans le même bateau

De plus, la peur de l’échec « angoisse de performance » peut aussi être un facteur aggravant du trouble sexuel : l’homme angoisse à l’idée ne pas avoir d’érection, et va faire de l’érection un objectif principal. Cette attitude sera contraire à l’objectif escompté puisqu’elle « va générer en lui une angoisse de l’échec qui déclenche un mécanisme contraire à l’érection ». « A la base, les facteurs psychogènes sont surtout décelés chez les jeunes ayant un problème de personnalité phobique, névrotiques ou un problème cognitif et comportemental, ou encore des idées irrationnelles en rapport avec la sexualité … », précise le Docteur A. Moussaid.

Et d’ajouter : « le côté psychologique est toujours présent. Dans le cas d’un diabétique p.ex. qui va faire une dysfonction érectile, la composante psychogène, qui est l’angoisse de l’échec va être amplifiée. IL va appréhender l’acte au moment du rapport sexuel, avec une anticipation de l’échec, ce qui fait qu’il va perdre son érection, même si son diabète est bien équilibré ».

Une étude réalisée en 2007 par la Société marocaine d’urologie avance le chiffre d’un million de marocains présentant un trouble l’érection. Elle révèle aussi que les troubles de l’érection concernent aussi bien les jeunes que les moins. IL faut aussi savoir, confirme le Sexologue, que « plus on avance dans l’âge, plus l’organicité est plus présente et prédominante ». Pour les séniors ? le manque de désir peut également provoquer une baisse d’érection ou une panne sexuelle au moment du passage à l’acte. Le Dr Moussaid met aussi en cause la sédentarité, nos modes de vie et notre alimentation. « Il faut savoir que les habitudes alimentaires des Marocains ont changé, et ils sont devenus sédentaires, d’où le développement du syndrome métabolique. Quand on mange trop et qu’on ne bouge pas asses, c’est la voie ouverte à l’obésité, surtout abdominale chez l’homme. Cela entraine également des troubles du métabolisme lipidique (Cholestérol et triglycérides), hypertension artérielle et diabète…Et quand la dysfonction érectile apparait dans ce contexte, elle devient un symptôme sentinelle de la maladie cardio-vasculaire : c’est la cardiopathie ischémique ». En effet, la panne sexuelle peut être un signe avant coureur d’un infarctus du myocarde. D’où la nécessité de ne pas prendre un trouble de l’érection à la légère.

Interview réalisée par Mme Naima Anouar.
Famille actuelle, N° 143, Décembre 2013.

« 11% des Marocains ont une dysfonction érectile permanente »

A quel moment doit-on parler de pannes sexuelles ?

La dysfonction sexuelle la plus fréquente, après l’éjaculation rapide est celle qui concerne l’érection. Cette dysfonction est devenue fréquente à cause du changement du mode de vie et des habitudes alimentaires des marocains : un régime hypercalorique, la sédentarité, le tabac, l’alcool, etc. sont des facteurs qui rendent les hommes de plus en plus obèses, hypertendus, diabétiques…et la dysfonction érectile quand elle apparait n’est qu’un facteur prédictif des maladies cardiovasculaires. Une étude réalisée au début des années 2000 par le service de psychiatrie de Casablanca avait révélé que de 54% des Marocains souffrent à divers degrés de dysfonctionnements érectiles et 11% d’entre eux portent les stigmates de façon permanente.

La prévalence de la dysfonction érectile est plus importante qu’auparavant et l’approche clinique devient différente. Avant, on parlait de dysfonction érectile psychogène, maintenant c’est le facteur organique qui domine.

Cela signifie-t-il que les facteurs psychologiques sont négligeables ?

Le côté psychologique est toujours présent. Dans le cas d’un diabétique p.ex. qui va faire une dysfonction érectile, la composante psychogène, qui est l’angoisse de l’échec, va compliquée le problème. Il va appréhender l’acte au moment du rapport sexuel, avec une anticipation de l’échec, ce qui fait qu’il va perdre son érection, même si son diabète est bien équilibré. A la base, les facteurs psychogènes sont surtout décelés chez les jeunes ayant un problème de personnalités phobiques, névrotiques ou un problème cognitif et comportemental, ou encore des idées irrationnelles en rapport avec la sexualité… En appréhendant le moment de l’acte sexuel, la personne peut faire une panne psychogène.

Comment peut-on soigner ces troubles ?

Il faut une prise en charge globale aussi bien clinique que psychologique. Il n’est plus permis à un Médecin de prescrire un traitement de l’érection et dire que sa mission est finie. Le diagnostic doit être précis et permettre d’écarter toute maladie en liaison avec le trouble de l’érection, comme la cardiopathie ischémique, par exemple. Mais si le médecin se sent dans l’incapacité de déceler un problème cardiovasculaire, il doit envoyer son patient à un Cardiologue pour écarter tout risque de cardiopathie ischémique

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